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L'avis d'Aerin Saedler

17 septembre 2008

Hervé Guibert

    D'aucuns considèrent que l'autofiction est une invention du XXI° siècle. Cependant, il y a des précédents. Notamment un touche-à-tout talentueux, capable de faire pleurer d'émotion au récit de la mort de son meilleur ami (le mort de Michel Foucault dans A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie), de faire frissonner face au spectacle d'une famille pas si respectable que ça (Mes parents) ou de vous montrer la pornographie la plus noire (Les chiens). Touche-à-tout, car Hervé Guibert fut critique au Monde pendant huit ans, photographe, scénariste (il cosigna notamment avec Patrice Chéreau le scénario de l'Homme blessé), et écrivain.
    Son oeuvre la plus connue est celle qui relate sa maladie, le sida, à une époque où l'opinion publique française découvre ce virus. Hervé Guibert exposa sa maladie, par ses livres, par ses interventions à la télévision et même par un film. Ce fut cette dernière oeuvre qui le fit connaître à un public beaucoup plus larges que ses livres précédents (par exemple, la Mort propagande, son premier livre, est un recueil de nouvelles parfois très dures). La position d'Hervé Guibert sur la question du sida ne lui valut pas que de la popularité, il fut aussi très vivement critiqué pour cela. Il se suicide en 1991, devenu presque aveugle, conséquence de sa maladie.

    Il est peut-être plus facile aujourd'hui de lire Hervé Guibert, notamment parce que depuis 2004, ses carnets intimes, publiés sous le titre Le Mausolée des amants, nous le présentent d'une manière aussi vivante que ses récits trè quotidiens de sa maladie. Mais l'on sent aussi l'écrivain qui doute, l'homme amoureux désespéré de sa situation, celui qui s'observe avec un oeil rarement indulgent, et s'interroge sur sa capacité à créer. Aujourd'hui, maintenant que le sida n'est plus chargé de toutes les craintes qui y étaient associées dans la fin des années 80 et le début des années 90, il est nécessaire de relire Hervé Guibert, ses oeuvres romanesques, mais aussi son journal. Car le constat d'instabilité qu'il fait (instabilité personnelle et dans son entourage) ressemble à celui que l'on peut faire aujourd'hui, et même si parfois, on peut être choqué par la crudité des termes, il faut se souvenir que dans un journal, on note tout, sans réfléchir à la postérité. C'est Christine Guibert, une de ses proches, qui s'occupa de la publication de ce journal, et il est fort à parier que bien peu de choses furent modifiées.

    L'audace de l'écriture d'Hervé Guibert nous semble exceptionnelle à une époque où, malgré la revendication de liberté absolue et le déballage parfois impudique, jamais la censure n'a paru plus réelle et tangible. Hervé Guibert nous parle d'une écriture qui lui est nécessaire et le blesse en même temps, d'une sexualité qui remplit sa vie tout en le questionnant. Son écriture est quotidienne, mais dès les premiers mots, nous sommes saisis par une voix, un phrasé, une attitude. En refermant le livre, on peut avoir l'impression de s'être fait un ami, un confident de plus. Il nous a parlé, et on a l'impression qu'il fait un peu route avec nous, et on le retrouve quand on rouvre le livre. C'est un quotidien extrêmement proche qu'il nous fait partager, c'est ce qui nous le rend peut-être aussi facile à lire. Même quand il nous parle de l'échec d'une photographie, c'est un grand moment, un moment unique. Mais il faut des lectures et des relectures pour apprécier pleinement cette voix, ces mots, cette attitude.

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25 août 2008

Opening

    Cela faisait longtemps que je voulais pouvoir critiquer sans aucune retenue autre que légale sur un blog, histoire de voir si je suis la seule à penser comme ça. Histoire de ne pas tout mélanger, je distingue donc aujourd'hui ce blog, consacré à la critique, du blog qui raconte au jour le jour mes péripéties.
    Au programme dans ces pages: critiques littéraires, musicales, cinématographiques, articles sur des périodes, des artistes, des groupes, encensements ordinaires et descentes en flamme, ça fait partie de l'exercice, plus quelques réflexions sur notre société.
    Merci d'avance pour votre lecture, première MAJ prévue demain.

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